Samuel a misé sa vie… et a tout perduQuand les paris sportifs volent l’avenir d’une génération

Un jeune homme tenant un smartphone affichant une application de paris sportifs à la maison.

Le Pari Tragique de Samuel

L’aube était calme, de ce silence lourd qui précède les tempêtes. Samuel, 22 ans, étudiant en 2ème année de Génie Électrique à l’Université Fédérale Polytechnique d’Ilaro (Nigéria), était penché sur son téléphone, les doigts tremblants alors qu’il plaçait un nouveau pari. La lumière froide de l’écran illuminait son visage, trahissant le désespoir dans ses yeux. Ce n’était pas une première ; il avait déjà misé, et perdu, de l’argent qu’il ne pouvait pas se permettre de perdre. Mais cette fois-ci, c’était différent.

Plus tôt, son ami Jacob avait reçu une notification : 40.000 Fcfa avaient été transférés sur son compte mobile money par son père pour ses frais de scolarité. Il en avait parlé à Samuel, une information en apparence banale, mais qui allait s’avérer dévastatrice. Un peu après, Samuel lui demanda son téléphone, un geste anodin entre potes. Samuel connaissait le code PIN de Jacob. Il s’en servit pour vider le compte, chaque franc étant injecté dans un nouveau pari désespéré.

Samuel connaissait la défaite. Son colocataire, Mustapha, dira plus tard : « Il était accro. Il avait déjà tout perdu plusieurs fois, mais il n’arrêtait pas. » Pourtant, cette fois, le poids de ses actes s’abattit sur lui comme un toit qui s’effondre. Le pari tomba à l’eau, comme tous les autres. Le monde de Samuel s’écroula, le choc fut total. Il venait de perdre les frais scolaires de Jacob, son ami le plus proche, celui qu’il avait présenté à ses parents, celui qui lui faisait assez confiance pour partager son code bancaire.

Dès son premier semestre sur le campus, en tant que nouvel étudiant, il avait utilisé ses frais de scolarité pour parier. Heureusement, ses parents l’avaient tiré d’affaire en payant une nouvelle somme pour qu’il soit autorisé à composer les devoirs. Cette fois, il n’y avait plus de bouée de sauvetage. Jacob, découvrant le vol, devint furieux mais hésita à exposer immédiatement son ami. Troublé, Samuel se rendit au campus pour composer un devoir. La salle de composition fut son dernier coup de grâce. Exclut de la salle pour non-paiement des frais, Samuel rentra chez lui, l’esprit en déroute.

Jacob appela la mère de Samuel, espérant trouver une solution. Mais la réponse de celle-ci fut accablante : « Vends ses vêtements et son téléphone pour récupérer ton argent. » Samuel supplia Jacob de rappeler sa mère pour lui dire de ne rien dire à son père. Mais celle-ci ne répondit plus aux appels. La honte était insupportable. Lui, héritier du trône dans sa ville natale de l’État d’Osun, à cet instant, il n’était plus qu’un jeune homme qui avait joué son avenir, et celui de son ami.

Après un moment, il sortit sans dire un mot, se rendit chez une revendeuse du coin et acheta une cannette d’un produit chimique interdit sur le marché depuis des années. De retour au dortoir, il se retira dans sa chambre, silencieusement.

Quelques minutes plus tard, des cris perçants éclatèrent de sa chambre. Quand ses amis accoururent, de l’écume sortait de sa bouche et de ses narines. Il se tordait de douleur sur le sol, son corps rejetant un poison qui le consumait.  Ils l’emmenèrent en urgence à l’hôpital, mais le mal était fait. Le chirurgien traumatologue a expliqué que les analyses avaient révélé qu’il était déjà en état de mort cérébrale à son arrivée.

Samuel mourut le jour même où il devait composer son examen. Selon le recteur, les parents, prévenus du décès, vinrent sur place mais refusèrent de récupérer le corps. Ils demandèrent à l’école de s’occuper de son inhumation.

À la fin, Samuel resta dans les mémoires comme un garçon discret, qui étudiait tard dans la nuit, un ami autrefois bienveillant. Mais son histoire devint une tragédie silencieuse, un avertissement sur les ravages du jeu, la fragilité de la confiance, et les conséquences irréversibles d’un seul acte désespéré.

Et si seulement les choses s’étaient passées autrement ?

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Références :

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